Un dos neuf pour… 30 000 $..

Son malheur a commencé il y a quelques années, dans une usine de Magog, lorsqu’il s’est blessé au dos une première fois. Son travail exigeait qu’il se penche constamment. Étant fort productif à ce poste de travail, on n’a pas voulu le relocaliser ailleurs dans l’usine. La douleur était intense. «C’est pas compliqué, dit-il, je travaillais durant 4 heures pour ensuite être en arrêt de travail pendant deux semaines. Ça été comme ça durant un bon moment. C’est la fermeture de l’usine qui m’a sorti de là.» Travaillant et désireux de gagner sa vie à la sueur de son front, Alain se lance par la suite dans le domaine du briquetage. D’abord pour une autre compagnie et par la suite à son compte. Ce travail étant passablement physique, notre homme fut une fois de plus ralenti par des douleurs insoutenables au dos. Le 18 août 2005, son dos flanche pour de bon. Durant près de deux ans, il doit se rendre chez le chiro de deux à trois fois par semaine. «Un bon jour, mon chiro ma regardé dans les yeux et m’a dit qu’il ne pouvait plus rien faire pour me soulager, qu’une opération était la seule avenue à envisager», explique celui qui a par la suite amorcé les démarches afin de se faire opérer dans une de nos institutions de santé au Québec. Mais le système de santé étant ce qu’il est (les médecins sont débordés), vous devinez qu’il lui aurait fallu faire preuve d’une patience démesurée. «Selon ce qu’on m’avait dit à l’époque, il m’aurait fallu attendre deux ans avant d’obtenir une première rencontre avec un spécialiste et demeurer ensuite sur la liste d’attente une autre période de deux ans. Ça n’avait carrément pas de bon sens. Une simple marche de cinq minutes me clouait au lit pour le reste de la journée», raconte celui-ci.

Il y a quelques mois à peine, le Coaticookois Alain Chaloux souffrait le martyr. Un dos en compote l’avait contraint à un arrêt de travail. Il avait toutes les difficultés du monde à sortir de la baignoire tout seul et changer de position dans son lit exigeait des efforts suprêmes. Il rongeait son frein chez lui à ne rien faire. Il pleurait de douleur et l’avenir ne s’annonçait pas rose pour lui. Quand on a 31 ans, c’est dur à prendre…

Et la lumière vint…

Un bon jour, un de ses copains (Pierre Gosselin), inspiré par une émission (Enjeux) qu’il avait visionné à la télévision, informa Alain sur la possibilité de se faire opérer en Thaïlande.

À laide de sa sœur Julie, Alain se lance dans de multiples recherches sur Internet afin d’obtenir de l’information sur les soins prodigués en Thaïlande pour ce type d’opération. De fil en aiguille, il se fait diriger vers une institution de santé de Calgary où une agente le guide vers la destination espérée : Singapour. «Je n’ai pas hésité, mentionne Alain, je n’avais plus rien à perdre. Ici au Québec, non seulement il me fallait attendre très longtemps, mais on ne me garantissait que 50 % de chance de réussite au terme d’une opération. Un échec et c’était la chaise roulante qui m’attendait. Là-bas à Singapour, on me promettait 100 % de chance de réussite».

L’opération consistait essentiellement à une fusion inter-corps, c’est-à-dire de joindre les deux vertèbres en y installant des tubes en titanium.

Les choses se sont déroulées à la vitesse de l’éclair.

Le 19 juillet 2007, après 20 heures d’avion, Alain se pointe à l’aéroport de Singapour à 5 h du matin. À 17 h cette même journée-là, il est amené à la salle d’opération et y fait la connaissance du Dr. Hong Kit qui s’empresse de le rassurer. «Il m’a immédiatement mis à l’aise en me disant qu’il pouvait faire de deux à trois opérations de ce genre en une seule journée, qu’il faisait ça comme nous on fait de la soupe Lipton», d’émettre Chaloux..

Au lendemain de l’opération, il se lève tôt et le Dr est déjà auprès de son lit. «Quelle belle sensation ce fut!, s’exclame Alain. Mes pieds et mes jambes bougeaient et je ne ressentais plus cette douleur au dos. Certes, je ressentais une évidente sensibilité en raison de la coupure, mais j’étais déjà fort soulagé. Je n’en croyais pas mes yeux. En l’espace de quelques jours, tout était réglé.»

Après quelques journées de physio et quelques jours d’attente au motel en sa compagnie de sa sœur Julie qui l’avait accompagné, il reçoit son congé du Dr Hong Kit. «Tout était correcte et on m’a juré que j’allais désormais pouvoir faire tout ce que je faisais avant cette satanée blessure. Quand je pense à ça, je n’en reviens toujours pas. J’ai englouti plus de 12 000 $ pour des soins de chiro et de physio avant de me faire dire que je devais subir une opération. Ici au Québec, il m’aurait fallu attendre de trois à quatre ans pour une opération sans pour autant avoir l’assurance de revenir en forme. Aux Etats-Unis il m’en aurait coûté près de 150 000 $ pour une opération dont on ne pouvait m’assurer la réussite. Là-bas, pour 30 000 $, j’ai reçu un dos flambant neuf. Certains diront que 30 000 $, c’est beaucoup. Je leur dirai que tout est relatif dans la vie. Certains vont dépenser 30 000 $ pour une voiture. Moi, au point où j’en étais, j’étais davantage intéressé à retrouver une belle qualité de vie que de me retrouver au volent d’une voiture de sport. J’étais tanné de souffrir. Emprunter de l’argent pour notre santé, y a rien là», indique avec fierté celui qui avoue avoir obtenu de l’aide de son entourage pour défrayer les frais de cette opération. La famille, des amis et le Club Lions et le Tournoi de balle lente à Rosco (East Hereford) ont contribué à des collectes. «Je ne veux surtout pas faire le procès de notre système de santé. Les médecins font ce qu’ils peuvent avec les budgets et les facilités qui leur sont allouées. Les longues listes d’attente, ce n’est pas de leur faute. Par ailleurs, je ne pense pas que c’est mal de dire que certains pays misent sur des spécialistes qui sont en avance sur nos médecins dans diverses disciplines de la santé. Mon but en racontant cette expérience, c’est de dire aux gens qui souffrent 24 heures par jour et qui n’en peuvent plus d’attendre, qu’il y a des soins ailleurs. Et qu’il vaut mieux parfois posséder une petite maison, une voiture modeste et un corps sain», de conclure Alain Chaloux, un homme qui a retrouvé le sourire et qui replongera dans le monde du travail dans les mois à venir.