Les femmes peu représentées dans la toponymie coaticookoise

HISTOIRE. Comme dans bien des villes du Québec, les femmes sont nettement sous-représentées dans la toponymie de Coaticook.

À l’approche de la Journée internationale de la femme (8 mars), le Progrès de Coaticook s’est penché sur cette question. D’entrée de jeu, il faut noter que seulement six rues sur les quelque 230 artères de la municipalité sont nommées en l’honneur de femmes qui ont marqué l’histoire de la ville ou de la province. Cela ne représente qu’un maigre 2 %, une situation que décrie la présidente du comité de toponymie, Carmen Michaud.

«C’est très décevant, avance celle qui préside également la Société d’histoire de Coaticook. En même temps, ça peut très bien s’expliquer. Cela ne fait pas si longtemps que les femmes ont des rôles actifs dans la société. Rappelons-nous qu’à une certaine époque, pas si lointaine, les femmes arrêtaient de travailler lorsqu’elles se mariaient.»

«Souvent, les femmes que nous honorons ont été enseignantes ou bien infirmières. Il s’agissait des professions où elles étaient plus représentatives», signale Mme Michaud.

Elle rappelle que sa tâche à titre de présidente de comité de toponymie n’est pas aussi facile qu’elle n’en a l’air. «Nous avons un pouvoir de consultation et non décisionnel. Ça peut être frustrant parfois. On veut aussi faire place à des noms francophones, mais, Coaticook était un milieu très anglophone autrefois.»

Mme Michaud souligne qu’il faut être décédé au moins depuis un an pour être éligible au comité de toponymie. Si le niveau municipal a encore beaucoup de chemin à faire, la présidente de la Société d’histoire souligne le travail du Comité d’action culturelle, qui honore également les femmes, grâce à sa Voie des pionniers. À Coaticook, le travail de Jeanne Bachand ainsi que des Sœurs de la Présentation de Marie a été honoré. «Il ne faut quand même pas oublier que notre bibliothèque municipale porte le nom d’une grande dame de la culture, Françoise Maurice.»

On risque de rendre hommage à de plus en plus de femmes au cours des prochaines années. Des noms comme Lorraine Sharpe (première femme élue au conseil municipal), Mariette Jean-Marie, Madeleine Gérin (femme d’affaires), Denise Beaulne (initiatrice du musée du même nom) pourraient obtenir la faveur du comité de toponymie.

 

Les rues coaticookoises au féminin

 

Bourgeoys: Rue nommée en l’honneur de Marguerite Bourgeoys (1620-1700), fondatrice de l’enseignement du français à Montréal

Kérouac: Ida Kérouac, première institutrice francophone à Coaticook-Nord

Lamy: Yvette Lamy, épouse de Gérard Couillard, fondateur de Couillard Construction

Rousseau: Yvette Rousseau, sénatrice et représentante du syndicat de l’entreprise Penman’s, aujourd’hui la ganterie Best Glove

Verchères: Madeleine de Verchères (1678-1747), considérée comme une héroïne de la Nouvelle-France, qui a tenu le fort Verchères pendant huit jours des attaques des Iroquois

Jeanne-Mance: Première infirmière de la Nouvelle-France (1606-1673)