L’artiste derrière l’arche de l’Allée des marchands

CENTRE-VILLE. Au cours des derniers jours, une nouvelle structure surplombe l’Allée des marchands, au centre-ville de Coaticook. Son auteur, Romain Francès, est en fait un Coaticookois d’adoption. Il raconte ici comment son association avec la Municipalité est née.

Tout a commencé lorsque ce ferronnier d’art a reçu une commande pour retaper les dix enseignes des différents cimetières de la municipalité. Cette collaboration avec la Ville de Coaticook lui a ouvert les portes au rehaussement du centre-ville. «C’est une personne de la Municipalité qui avait vu mon travail sur internet et qui m’a proposé ce projet, se souvient-il. Il n’a fallu ensuite qu’une esquisse pour les convaincre.»

La recette est simple, selon l’artiste. «Il faut simplement adapter un design à une architecture», résume M. Francès. Chose qu’il a faite avec cette œuvre format géant, mesurant 22 pieds de haut et plus de 31 pieds de large. «Disons qu’entre le dessin proposé et ce qui surplombe présentement l’Allée des marchands, il y a quelques différences. Je me suis permis de retravailler le plan et de m’amuser davantage.»

Le résultat final a pris un peu plus de deux mois de travail intensif. Malgré les nombreuses heures passées à l’intérieur de son atelier du 10e rang, le ferronnier d’art est très fier de savoir que son œuvre sera admirée par des milliers de gens. «Ça demeure une forme de sensibilisation aux différents métiers de la forge. Il faut dire aux gens que ça existe encore. Lorsque les gens pensent à la forge, le métier de maréchal ferrant leur vient à l’esprit, celui qui forge les fers des chevaux, ce qui est vrai également. Mais, la forge, ce n’est pas qu’une seule discipline. C’est aussi le taillandier, le cloutier et le ferronnier d’art, qui sont des professions très rares au Québec», précise-t-il.

Issu des Compagnons du devoir, une association française qu’il a rejointe à l’âge de 14 ans, Romain Francès s’est retrouvé dans la Belle province il y a une dizaine d’années. «C’est un peu grâce aux Compagnons. Ils nous faisaient voyager de ville en ville, d’atelier en atelier, pour apprendre les différentes techniques. Cela m’a amené au Québec. Je ne pensais pas y rester, mais j’ai marié une Québécoise.»

Bien que des projets d’envergure comme l’arche de l’Allée des marchands ne soient pas monnaie courante, l’artiste de 31 ans dit bien gagner sa vie grâce. «Le truc, c’est de ne pas avoir peur de se déplacer. Je ne pourrais pas travailler à temps plein en ayant seulement une clientèle régionale. Je travaille beaucoup dans la région de Montréal, sur l’intégration de la forge à une architecture haut de gamme, comme la pose de murales, de rampes d’escaliers et de portillons.»

La collaboration avec la Ville de Coaticook lui ouvrira-t-elle de nouvelles portes? Il le souhaite, bien évidemment. Mais, ce qu’il aimerait construire par-dessus tout, c’est une cathédrale. Et non, ce n’est pas une blague! «Ce serait mon projet de rêve. J’aime l’idée de mélanger les différents corps de métiers. Et ce sont les Compagnons qui sont à l’origine de la construction de bien des basiliques. J’aimerais poursuivre leur héritage.»