Tout un changement pour Chelsy Dupuis

SOCCER. Les observateurs de la scène sportive l’ont souvent comparée à Josée Bélanger. La Coaticookoise Chelsy Dupuis était probablement destinée à de grandes choses sur le terrain de soccer. Malheureusement, une malformation au niveau du cœur est venue dérailler sa fulgurante ascension.

Détectée alors qu’elle n’avait que quatre ans, la coarctation de son aorte ne l’avait pas empêché de pratiquer son sport préféré jusqu’à maintenant. «Ce que ça veut dire, c’est que mon aorte est trop petite, vulgarise l’adolescente de 15 ans. Quand j’étais petite, on m’a opérée et ç’a réglé le problème.»

Lors de récents tests physiques effectués pour la formation d’Équipe Québec, la mauvaise nouvelle est tombée. «J’ai fait du tapis roulant et du vélo stationnaire. Durant ces exercices, ma pression a monté jusqu’à 240 et mon rythme cardiaque était très élevé. Les médecins m’ont dit que c’était trop dangereux, qu’il y avait des risques que des petits vaisseaux explosent dans mon cerveau ou que j’aie des lésions.»

Ne prenant pas de chance, les spécialistes de la santé lui suggèrent de ne plus pratiquer de sports ou de faire des activités physiques intenses. «C’a été un choc, raconte-t-elle en se souvenant du diagnostic tombé en mai dernier. Je faisais du sport tous les jours à l’école (Chelsy étudiait à Laval, où l’élite du soccer se rassemblait pour former Équipe Québec). C’est vraiment spécial de ne plus rien faire alors qu’on était habituée à bouger. C’était très difficile pour moi de voir les filles s’entraîner sur le terrain.»

«En plus, le sport, pour moi, c’est une façon de canaliser mes énergies, un genre d’échappatoire. J’ai perdu mon père à l’âge de huit ans. C’est le sport qui m’a permis de passer à travers tout ça.»

Une lueur d’espoir

Il y a un mois, Chelsy a reçu un appel des plus encourageants. «On m’a dit que la machine utilisée lors des tests aurait pu être défectueuse. Je suis allée repasser ces tests et on a eu de meilleurs résultats. Ma pression était haute, mais pas autant que la première fois.»

Les docteurs lui ont donc donné la permission de faire du sport, mais pas à un niveau compétitif, comme elle le faisait il y a quelques mois. «Je peux faire un peu de course à pied, dit-elle. Je peux aussi patiner et jouer au hockey. La différence entre ce sport et le soccer est que je peux sauter sur la glace pour une ou deux minutes, puis aller me reposer sur le banc. Au soccer, c’est intense. Tu n’arrêtes pas de courir.»

«La force avec laquelle je m’entraîne doit être moyenne, spécifie-t-elle. Je ne dois pas donner mon maximum. C’est très difficile pour moi, car je suis une fille compétitive. J’ai toujours voulu être la meilleure. Il faut que j’apprenne à me restreindre.»

Malgré cette bonne nouvelle, il se pourrait que Chelsy repasse une fois de plus sous le bistouri pour corriger son problème cardiaque. «C’est une décision que je prendrai avec mes parents. On pèsera les pours et les contres. Selon ce que je sais, je pourrais revenir à mon 100 %, mais les chances sont très minces. Au moins, je pourrai toujours faire du sport.»

Si les chances de rejoindre l’élite sportive se sont pratiquement dissipées, qu’aimerait-elle faire plus tard? «Je ne sais pas trop, rigole celle qui est présentement en 4e secondaire à l’école secondaire La Frontalière. J’ai pris mes maths et mes sciences fortes pour m’ouvrir le plus de portes possible. Ce qui est sûr, c’est que j’aime travailler avec le public. Je ne veux pas faire de croix non plus sur une carrière dans le sport.»

En attendant, Chelsy participe aux activités de la Maison des jeunes de Coaticook et entraîne les futurs joueurs de soccer à l’école des trois pôles, à Coaticook.

Un jour, qui sait, elle pourrait se retrouver sur le terrain représentant le Canada, comme ses idoles qu’elle a vues lors d’un récent voyage à Montréal, pour la Coupe du monde féminine de la FIFA. On lui souhaite!