La vie d’un médecin en temps de guerre

ARMÉE. Le Coaticookois Marc Dauphin a été le dernier médecin en charge de l’hôpital de guerre, à Kandahar, en Afghanistan, avant que les Canadiens ne le remettent aux Américains, en octobre 2009. À l’intérieur du livre «Médecin de guerre», il raconte ses multiples interventions auprès des soldats et civils ainsi que la fois où il a frôlé la mort.

On a procédé au lancement de ce bouquin devant une cinquantaine de personnes au Musée Beaulne, le 2 novembre dernier. Ému par cette réponse des plus positives, M. Dauphin a tenu à rappeler que son livre se rapproche plutôt du récit, des expériences et des anecdotes que de la biographie. «Je pose un regard sur ce que j’ai vécu pendant un an, en temps de guerre, explique celui qui est aussi l’auteur de "Combat Doctor", paru à l’automne dernier. Je suis extrêmement fier de dire que notre hôpital a conservé un taux de survie de 97 %.» De quoi faire rougir bien des établissements, même si le site afghan ne recevait que des cas de trauma.

Durant son séjour à l’étranger, le major Dauphin a fait face à plusieurs situations où il a dû prendre des décisions sur-le-champ. C’est le cas d’un jeune Afghan, dont le père a supplié les autorités médicales à sauver la vie de son fils. «En plus de 30 ans de métier, c’était la première fois que je voyais un bras complètement noir, dû à une gangrène sèche. Il fallait l’amputer, sinon, la maladie se répandrait et il mourrait. Ça n’a pas pris deux minutes que j’ai pris ma décision, même s’il fallait s’occuper des soldats en premier. Le père était aussi très insistant. Il voulait qu’on ampute son bras pour le donner à son fils.» Des histoires comme celle-ci, qui donnent des frissons, le livre en est rempli.

Au cours des six derniers mois de son implication militaire, M. Dauphin a vu passer 40 % des blessés de guerre. «On est devenu le centre de trauma le plus occupé au monde. Ça nous a même valu un prix de l’OTAN», souligne-t-il fièrement.

Bien évidemment, la guerre peut faire peur à bien des gens. Le principal intéressé a-t-il déjà frôlé la mort en Afghanistan? «La deuxième ou troisième journée où je suis arrivé, il y a une roquet qui a explosé à quelques mètres d’où je me trouvais. Heureusement, il y avait un "blast wall" (mur de béton) pour me protéger. J’ai été projeté et ça m’a sonné. Avant de partir là-bas, j’ai accepté que je puisse y mourir, alors c’est quelque chose à quoi je m’attendais.»

À la fin de son engagement, le major Marc Dauphin a également participé à quelques missions «dust off», où un hélicoptère médical allait chercher les blessés en zone de combats.

Un saut en politique

Après avoir été médecin de guerre et auteur, le Coaticookois pourrait devenir politicien. Ce dernier a fait connaître ses intentions de représenter le Parti conservateur du Canada, dans le comté voisin de Sherbrooke. Si les membres de la formation politique lui accordent un vote de confiance, il admet que la partie ne sera pas gagnée d’avance lors du scrutin. «Ce ne sera pas facile, concède-t-il, mais ce parti rejoint mes valeurs, surtout au niveau de leurs politiques économiques. Les gens sont les mieux placés pour savoir quoi faire avec leur argent. Les deux autres partis (libéraux et néodémocrates) veulent plutôt dicter ce fait, à travers des bureaucrates.»