Les dix ans d’un fleuron agroalimentaire

FROMAGE. La fromagerie La Station célèbre cette année son dixième anniversaire. Pour souligner cette importante étape dans la vie de ce fleuron agroalimentaire de la Vallée, quelques membres de la famille Bolduc ont participé à un petit voyage dans le temps, autour d’une table, question de se remémorer les origines de cette entreprise comptonoise.

La Station a peut-être vendu ses premiers fromages en 2004, mais l’étincelle du projet est venue dans l’esprit de Carole Routhier, sept ans plus tôt. «C’est en feuilletant le journal que j’ai trouvé une annonce pour un atelier d’initiation à l’art fromager. Je me suis dit, wow, j’aimerais vraiment essayer ça. J’ai suivi la formation et ç’a été le déclic. Je ne connaissais pas ce monde, mais je me suis entourée de gens qui tripaient fromage et ça m’a vraiment donné le goût d’aller plus loin là-dedans.»

Il s’est écoulé quelques années avant que les premiers produits ne soient offerts sur les tablettes de la nouvelle fromagerie. Le fromage qu’on connaît aujourd’hui était-il différent de celui créé au départ? Chose certaine, on peut dire qu’il était bon. «S’il ne l’avait pas été, on ne se serait pas lancé dans cette aventure. Par contre, il n’était pas ce qu’il est maintenant. C’était une ébauche qui nous permettait de rêver. On était très audacieux à l’époque.»

Les installations du chemin de Hatley ont d’abord été construites en 2003, aux abords de la ferme Pierre Bolduc. Ce dernier représente la troisième génération de Bolduc sur cette terre, qui a été labourée une première fois en 1928.

Lors de son ouverture en 2004, La Station offrait à ses clients deux produits: l’Alfred le fermier et la Comptomme. «Pour l’Alfred, c’était un peu notre façon de rendre hommage à Alfred Bolduc, le premier à avoir occupé nos terres. La partie fermier, on l’a ajouté, entre autres, car oui, il était fermier, mais aussi parce qu’il s’agit d’un fromage fermier, raconte Carole Routhier. Ça veut dire qu’il est produit à partir du lait d’un seul troupeau.»

Aujourd’hui, la Raclette et le Chemin Hatley s’ajoutent à la gamme de produits de la fromagerie, en plus de quelques déclinaisons.

Si, au départ, l’aventure de la fromagerie était le projet de Carole Routhier et de Pierre Bolduc, les enfants sont vite venus porter mains fortes pour devenir la quatrième génération à s’occuper de la ferme familiale et ses activités. Quelques mois après l’ouverture, Simon-Pierre Bolduc s’est joint à l’aventure. «Il est venu nous aider une fois puis n’est jamais ressorti des salles», mentionne Carole à la blague.

Mais comment ce coup de foudre avec la fromagerie s’est-il développé? «Transformer la matière première en quelque chose de commercialisable, c’était quelque chose qui m’intéressait, souligne le jeune homme qui a fait ses études en agriculture biologique. La fromagerie, je ne savais pas trop c’était quoi, mais dès que j’y ai mis les pieds, je me suis senti comme à la maison. Ç’a été le coup de foudre.»

Quelques années plus tard, Vincent et Martin Bolduc ont voulu participer aux activités de la fromagerie. «Je ne pensais pas que les enfants s’intéresseraient à ça, mentionne Mme Routhier. Pour moi, la fromagerie, je la voyais comme un accomplissement. Eux, je pense qu’ils le voient également comme un accomplissement, mais aussi un défi.»

L’un des premiers défis relevés par ce «sang neuf» viendra en 2008, alors que la fromagerie entreprendra un agrandissement venant tripler sa surface de production. La ferme laitière a aussi été agrandie pour accueillir 30 nouvelles têtes, portant ainsi le nombre de vaches à 80. «Nos fromages commençaient à être connus. Notre établissement était exploité à 100 % et on manquait d’espace. Nos salles de maturation étaient pleines. Il fallait faire quelque chose», raconte celui qui a fait les plans de la nouvelle fromagerie avec son frère Vincent.

«Ça m’a fait un peu peur tout ça, avoue Carole Routhier. On s’en allait dans les ligues majeures des fabricants de fromages. Quand on regarde tout ça, on ne le regrette aucunement.»

La fromagerie La Station se trouve maintenant à la croisée des chemins. Un peu à l’image de la situation que ces artisans ont vécu en 2009. «On transforme tout notre lait. On a atteint la capacité maximale de production. Maintenant, on se questionne à savoir si on se lance dans un autre projet d’agrandissement. Il faut faire attention, car on ne veut pas perdre notre qualité artisanale. On ne veut pas non plus tomber dans le piège de la production de masse et perdre notre cachet.»

Entre temps, les artisans comptonois préfèrent y aller de plus petites innovations, comme l’utilisation de nouveaux moules et d’un nouvel équipement pour trancher les meules. Ça peut paraître anodin pour certains, mais le fait que ces nouveautés emballent les travailleurs font d’eux de réels artisans du fromage.