Montréal et Mont-Tremblant au sommet du palmarès de la criminalité

DOSSIER. Même si Montréal est de loin la ville la plus criminalisée au Québec avec près de 600 000 infractions criminelles en cinq ans, les territoires de Mont-Tremblant, de la MRC de Matagami, de la MRC de la Vallée-de-la-Gatineau et la MRC de La Tuque arrivent en tête de liste des endroits où il se produit le plus de délits toutes proportions gardées dans la Belle province, révèle un palmarès réalisé par TC Media.

Selon les données obtenues qui comparent la criminalité sur les territoires des 30 services de police municipaux et des 86 postes de la Sûreté du Québec, la métropole a enregistré 583 177 infractions au Code criminel, y compris les délits routiers, entre 2009 et 2013, ce qui la place loin devant Québec (119 936 infractions), Longueuil (105 188), Laval (85 266) et Gatineau (69 147) qui complètent le top 5.

À l’inverse, les municipalités régionales de comté (MRC) de Matagami (1 309), de la Vallée-du-Richelieu (1 215), du Golfe du Saint-Laurent (897), de l’Île-d’Orléans (627) et de Lebel-sur-Quévillon (396) comptent parmi les territoires les plus "tranquilles".

Des petites villes qui sortent du lot

Perchée dans les montagnes des Laurentides, c’est la très touristique municipalité de Mont-Tremblant qui décroche la palme du territoire le plus criminalisé par 100 000 habitants, mesure traditionnelle de la criminalité, avec une moyenne de 11 808 crimes par 100 000 habitants (entre 2009 et 2013). Suivent ensuite la MRC de Matagami, de Caniapiscau, de la Vallée-de-Gatineau et de La Tuque.

En tenant compte uniquement des infractions avec violence prévues au Code criminel, Mont-Tremblant se retrouve au 7e rang, tandis que les MRC de Caniapiscau, Matagami, Minganie, La Tuque et Vallée-de-la-Gatineau arrivent en tête.

«Pour ces quatre MRC, il faut aussi dire que le taux de criminalité a été en baisse au cours des cinq, six dernières années. Il y a eu un travail qui s’est fait autant au niveau de la prévention, que de la répression par nos enquêteurs et nos patrouilleurs. On est conscient de ça [leur position dans le classement], mais il y a un travail qui se fait [sur le terrain] et qui nous a permis de baisser ce taux. Dans certains cas, ce taux a baissé de beaucoup», fait valoir le sergent Benoit Richard, porte-parole de la Sûreté du Québec. Il donne notamment en exemple que le taux de criminalité de Matagami est passé de 88,87% en 2012 à 60,86% l’an dernier. «J’ai vraiment une baisse majeure à Matagami, mais Matagami entendons-nous, on ne parle pas de 8 000 crimes par années. On parle de 176 crimes par an», nuance le sergent Richard.

Flambée de violence

Si dans son ensemble, la criminalité a été en constante baisse au Québec entre 2009 et 2013, et même au Canada, certaines régions assistent cependant à une véritable flambée de crimes. Onze services policiers ont enregistré, au cours des cinq dernières années, une hausse des crimes commis. C’est le cas de la MRC de Lebel-sur-Quévillon qui a vu le taux de criminalité par habitant bondir de 400% en cinq ans. À l’inverse, la MRC des Chenaux, en Mauricie, et la MRC de Memphrémagog, en Estrie, ont respectivement assisté à une chute de la criminalité de 42% et 43% en cinq ans! Et pour un peu plus de la moitié des services de police, on assiste à une diminution de l’ordre de plus15%.

Et la gravité des crimes?

En 2009, quatre chercheurs ont conçu, pour le compte de Statistique Canada, l’indice de gravité de la criminalité, un outil élaboré à partir des peines prononcées par les tribunaux canadiens de 2002 à 2007 qui permet de mesurer la gravité des crimes. Ainsi, les crimes plus graves ont des poids plus élevés, et inversement pour les crimes moins graves. À titre d’exemple, un meurtre vaut 7 042 points, une agression sexuelle représente 211 points et un vol qualifié, 583 points. Le poids des infractions a ensuite été pondéré pour constituer l’indice. Suivant cette logique, la MRC de Matagami, la Ville de Mont-Tremblant, la MRC de la Vallée-de-la-Gatineau, de La Tuque et de Matawinie trônent au sommet de cet indice. Et si l’on dresse un palmarès jumelant le taux de criminalité à l’indice de gravité, le classement demeure inchangé.

Le sergent Richard émet toutefois un bémol à l’indice de gravité. «C’est une nouvelle façon de voir la criminalité qui a été mise en place, mais il faut regarder plus loin. Il y a le taux de criminalité, peut-être la gravité relative des crimes, il y a les incivilités, le sentiment de sécurité. Il faut avoir un portrait global.»